Un territoire qui donne à voir
Dès le XIXe siècle, avec le train, nombreux sont ceux qui quittent Paris pour venir séjourner en Finistère. Séduits par cette culture riche et vivante, ils observent avec grand intérêt les scènes de la vie quotidienne d’une région encore très authentique.
Un Finistère inspirant par l’esthétisme de ses costumes, de ses cités, de ses ports, de ses plages, de ses campagnes et de ses monuments. Un Finistère de mythes et de légendes qui fascine alors les artistes. Luminais a peint la légende de la ville d’Ys engloutie. Yan’ Dargent, lui, représentait sur ses toiles les contes entendus lors des veillées. De son côté, Paul Sérusier imaginait un peuple de fées et de korrigans hantant la mystique forêt de Huelgoat.
Un Finistère authentique et à la fois novateur, toujours en mouvement. Il a donné naissance notamment à l’École de Pont-Aven et à l’élaboration d’une esthétique artistique nouvelle. Avec le temps, le Finistère a continué d’inspirer des peintres plus contemporains comme François Dilasser, Jean Le Merdy, René Quéré ou encore Paul Bloas. Le Finistère s’illustre et se réinvente à travers les arts. Parmi lesquels les arts urbains, qui ne cessent de gagner du terrain.
Morlaix, capitale du street-art
Sur la route des peintres, embarquez pour un parcours artistique inédit en Baie de Morlaix, sur les pas des artistes de street-art. Depuis plusieurs années, la Ville et l’Agglomération, en partenariat avec l’association Takad Grafan (zone à graffer), ouvrent leur patrimoine, leurs bâtiments et autres venelles à l’art urbain.
Depuis 2019 et la première édition du Morlaix Arts Tour, les badauds peuvent ainsi suivre un parcours à travers la cité du viaduc à la découverte de ces fresques urbaines, une cinquantaine environ. Certaines sont immenses et recouvrent des façades entières, comme celle signée Wild Drawing, intitulée « Message in a bottle », qui recouvre le pignon entier d’un immeuble. Elle a d’ailleurs été élue plus belle fresque de France en 2022. D’autres sont plus intimistes et se nichent dans les détails et les recoins des ruelles.
En été, l’office de tourisme propose des visites guidées dans la ville à la découverte de ces fresques. Au fil des années et de l’engouement autour de ces œuvres, les artistes ont franchi les frontières de Morlaix. Ils ont diffusé leurs talents sur les murs de plusieurs communes voisines : Plouezoc’h, Plougonven, Plouigneau, Saint-Martin-des-Champs ou encore Lanmeur.
Ne manquez pas l’une des plus belles œuvres du circuit qui se trouve dans l’enceinte du château du Taureau. La fresque de Leon Keer réalisée en 2022 mesure 15 m de long pour 3 m de large. Elle représente une fillette de porcelaine à l’air triste. Vêtue d’une robe bleue, elle semble comme enfermée dans ce fort en pleine mer. Une œuvre contemporaine au service de la valorisation du patrimoine.
Brest, l’art en mouvement
Le lien qui unit Brest aux artistes est ancien. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, de nombreux peintres voyageurs posaient pied à terre à Brest, séduits par son port pittoresque. Ils se passionnaient pour sa rade immense aux perspectives profondes et son bagne. Avant cela, ce sont les rois de France qui commandaient des représentations du port de Brest, afin d’illustrer la puissance militaire maritime du pays aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Aujourd’hui, la ville blanche offre une indéniable variété et richesse artistique, en renouvellement constant. Commencez votre visite au Musée des Beaux-Arts, situé rue Traverse, non loin de la rue de Siam.
Les Brestois ont connu Le Comoedia en tant que théâtre, puis cinéma d’art et d’essai avant qu’il ne soit fermé et laissé à l’abandon au désarroi général. Depuis 2019, il abrite une galerie d’exposition et de vente d’art contemporain. Le lieu mérite le voyage à lui tout seul, avec cet esprit Art déco tout de blanc et d’or. À raison de 3 à 4 expositions par an, la galerie expose des artistes contemporains de Bretagne et d’ailleurs.
Survolez ensuite la rivière Penfeld en téléphérique pour rejoindre le quartier de Recouvrance et les Ateliers des Capucins. Cette immense halle industrielle, la plus grande halle couverte d’Europe, fut autrefois un couvent de moines capucins, puis un site de construction navale d’où sont sortis le Charles-De Gaulle et la Jeanne d’Arc. C’est à présent un tiers-lieu vivant, ouvert à tous. Aux côtés de la médiathèque, des espaces de restauration, de coworking et de loisirs, se trouvent des espaces dédiés pour les expositions artistiques. Faites un crochet rue de Saint-Malo : elle a survécu aux guerres et demeure l’un des rares vestiges du vieux Brest. Aujourd’hui, dans ce petit faubourg aux maisons traditionnelles bretonnes et aux pavés de grès irréguliers, les murs de granit se couvrent et se colorent de fresques de street-art. De retour rive gauche, ne manquez pas La Passerelle. Niché dans le quartier Saint-Martin, ce centre d’art contemporain occupe un ancien entrepôt désaffecté de 4 000 m2 depuis 1988. Chaque année, une dizaine d’expositions sont programmées, ainsi que des moments de rencontres et de débat.
De grands artistes exposés à Landerneau
À trente minutes de Brest, la petite ville de Landerneau accueille chaque année des expositions d’envergure au Fonds Hélène et Édouard Leclerc. Depuis son ouverture en 2012, le musée installé dans l’ancien couvent des Capucins est devenu un lieu de rendez-vous incontournable pour les amateurs d’art contemporain. Plus d’un million de visiteurs sont déjà venus admirer les œuvres de Miro, Chagall, Dubuffet, Picasso, Henry Moore, Enki Bilal ou encore Giacometti.
À l’issue de votre visite, profitez-en pour découvrir Landerneau. Elle est surnommée la Cité de la lune, symbole de la ville choisi par le Seigneur de Rohan. Blottie au fond de la rade et traversée par l’Elorn, la ville héberge de belles demeures d’armateurs et des maisons typiques à pan de bois. Ne manquez pas le célèbre pont de Rohan, classé aux Monuments Historiques. Il est d’ailleurs l’un des derniers ponts habités de France.
Châteauneuf-du-Faou, berceau de Paul Sérusier
Châteauneuf-du-Faou est perchée sur un éperon rocheux qui domine l’un des plus beaux méandres de l’Aulne, en Centre-Finistère. C’est à l’âge de 27 ans, en 1891, que le peintre Paul Sérusier découvre cette petite commune. Une source d’inspiration intarissable pour l’artiste qui y restera jusqu’à la fin de ses jours, en 1927.
Suivez ses pas sur la route des peintres en Finistère grâce à un circuit d’interprétation d’environ 1h30. Il permet de se plonger dans l’œuvre du peintre, tantôt lumineuse et colorée, tantôt sombre et mystérieuse, à l’instar des paysages de la Vallée de l’Aulne qui l’ont tant inspiré. Le circuit débute sur l’esplanade Notre-Dame-des-Portes, vers la place du marché. Il vous conduit à la maison Sérusier, le lavoir, la vallée de Pontadig, puis s’achève sur la place de l’église où se situe le buste de l’artiste.
Camaret-sur-Mer et son quartier des artistes
Par son charme et son authenticité, Camaret a depuis longtemps séduit et inspiré les artistes. La Tour Vauban, la chapelle Rocamadour, l’alignement mégalithique de Lagatjar, les ruines du manoir de Saint-Pol-Roux… La richesse du patrimoine historique de la ville n’a d’égale que sa situation exceptionnelle : à l’est, la baie, calme et reposante ; à l’ouest, la mer d’Iroise, ouverte sur l’océan et son immensité… Un cadre hors du commun qui a inspiré de grands noms de la peinture.
Théodore Gudin, peintre officiel de la Marine, a peint le port en 1830. Plus tard, à la fin des années 1800, Eugène Boudin a régulièrement séjourné en Presqu’île. À Camaret, il s’attachait particulièrement à peindre la lumière du port, son atmosphère nuageuse et mobile, fluide et changeante. Paul Sérusier, Charles Filiger, Charles Cottet, Henri Rivière, Jim Sévellec, Marcel Sauvaige ou encore Georges Lacombe ont également posé leurs valises et représenté sur leurs toiles la petite cité maritime.
Aujourd’hui, plus d’une trentaine d’artistes exposent et accueillent les visiteurs dans leurs ateliers et galeries.
Douarnenez, une ville d’artistes
La cité Penn Sardin attire les artistes depuis le XIXe siècle. Avec la baie en toile de fond, ses ruelles pavées et ses trois ports, Douarnenez impressionne et inspire. De grands noms ont ainsi séjourné ou même vécu en Pays de Douarnenez : Boudin, Renoir, Maufra , Picasso, Picabia… Aujourd’hui encore, la ville a conservé son âme d’artiste. Promenez-vous dans le quartier du centre-ville, autour des halles et des petites rues qui mènent au port. Vous pourrez découvrir des galeries d’art et de nombreux ateliers d’artistes et artisans. Par exemple, la galerie Iroise, la galerie Plein jour, l’Atelier imagin’art, l’Atelier le trait en creux, Kumül…
Douarnenez s’est notamment illustré sous le pinceau du peintre surréaliste Yves Tanguy. Né à Paris en 1900 d’un père brestois et d’une mère locronanaise, le peintre se sentait viscéralement Breton. Il venait régulièrement séjourner sur les terres familiales. Son œuvre entière est nourrie de ses souvenirs d’enfance et de ses escapades en Baie de Douarnenez avec son ami Jacques Prévert.
On distingue dans ses toiles la lumière rayonnante de la baie, le glaz ambiant, la brume, la mer, les grandes étendues de sable… À sa mort, en 1955, Pierre Matisse, fils du peintre Henri Matisse, dispersa les cendres d’Yves Tanguy dans la Baie de Douarnenez qui l’inspira tant, conformément à ses dernières volontés.
Quimper, capitale de la culture bretonne
Capitale historique de la Cornouaille, Quimper est labellisée Villes et Pays d’Art et d’Histoire®. Le temps d’une balade, découvrez le cœur de la ville. Observez les anciennes maisons colorées à pan de bois qui font tout le charme de Quimper. Sur la place Saint-Corentin, au pied de la majestueuse cathédrale éponyme, visitez le Musée des Beaux-Arts inauguré en 1872. Sa collection est d’une grande variété, l’une des plus riches pour un musée de région en France. Elle couvre plus de cinq siècles de création artistique avec des peintures européennes (Rubens, Fragonard, Van Mol, Di Fredi…), de la peinture d’inspiration bretonne, ainsi qu’une collection de l’École de Pont-Aven.
Le Musée quimpérois rend par ailleurs hommage au romancier et peintre Max Jacob, né à Quimper, où il séjourna régulièrement, à travers une riche collection de dessins et de gouaches.
À deux pas de là, attenant à la cathédrale, se trouve le Musée départemental breton. Créé en 1846, il occupe l’ancien Palais des évêques de Cornouaille. L’exposition permanente vous plonge au cœur de l’âme et du patrimoine du Finistère, au travers d’une collection d’archéologie, d’art ancien, d’arts décoratifs. Mais également d’orfèvrerie, de costumes traditionnels et de leur représentation dans la peinture et la sculpture.
Sur les pas de Gauguin, de Pont-Aven au Pouldu
Découverte par les Américains, la cité blottie dans l’estuaire de l’Aven va connaître une popularité inouïe grâce aux peintres de l’École de Pont-Aven. Gauguin en fut le chef de file, aux côtés de Paul Sérusier, Emile Bernard, Charles Filiger, Maxime Maufra et Henry Moret.
À la fin des années 1800, Paul Gauguin abandonne l’impressionnisme et aspire à une peinture plus poétique. La Bretagne, et particulièrement Pont-Aven et Le Pouldu, lui paraissent alors les lieux idéaux pour exercer son art. Le lit de la rivière encombré de rochers, les innombrables moulins, les chaumières, les chapelles, les marchés animés, les costumes, la qualité des lumières, tout y est source d’inspiration inépuisable. Il est ainsi suivi par de nombreux artistes en quête de dépaysement et désireux de fuir Paris. Ainsi naquît le mouvement artiste des Nabis et de l’École de Pont-Aven.
La Cité des peintres possède donc naturellement son propre musée, inauguré en 1985 dans le but de retracer l’histoire artistique bouillonnante de Pont-Aven depuis les années 1860. Le musée dispose d’une importante collection d’œuvres, parmi lesquelles des toiles de Gauguin.
À l’issue de votre visite, prenez le temps de flâner dans la ville le long de la promenade Xavier-Grall. Elle vous mène d’une rive à l’autre. Le charme de la petite cité et ses paysages pittoresques ne vous laissent pas indifférents et vous plonge dans les décors qui ont tant inspiré les peintres. Chaque coin et recoin rappelle le riche héritage artistique de Pont-Aven. Au détour des ruelles, essayez donc de compter le nombre de galeries d’art et vous n’en reviendrez pas. On en dénombre ici une soixantaine.